J’ai fait mon secondaire dans une école privée où tout le monde portait l’uniforme (et on était encore très loin des uniformes non genrés). Mais étant des ados qui veulent affirmer leur individualité, on avait trouvé une façon de se démarquer : les souliers.
La seule règle, c’était qu’on devait porter des chaussures en cuir ou en suède. Eh bien bonjour, Dr. Martens colorés. Pendant tout mon secondaire 5, les pantalons gris de mon uniforme tombaient sur des « Doc » couleur saumon.
Un détail subtil, mais un détail qui se fait remarquer.
C’est dans le même esprit que Romane Le Gallou s’affaire à donner un peu de punch aux uniformes très… uniformes des juges et des avocat.e.s.
La copropriétaire de la compagnie saguenéenne Les Rabat-joies met un peu de fashion dans la traditionnelle toge avec des cols qui se démarquent. Oui, c’est niché, mais ça fait apparemment toute une différence pour ceux et celles qui les portent.
Mon collègue Billy lui a passé un coup de fil et il ne s’attendait pas à avoir une conversation aussi intéressante à propos d’une pièce de vêtement dont on ne connaissait même pas le nom il y a deux semaines.
- Jean-Pierre
PS : Après deux ans de télétravail, ça ne vous tente pas tant que ça de retourner au bureau. C’est ce que notre dernier sondage nous dit et on en reparle plus bas.
Imaginez une salle d’audience au palais de justice. Peut-être que ça vous évoque de mauvais souvenirs, mais vous vous souvenez sûrement de l’uniforme du ou de la juge et de celui des avocat.e.s : la toge austère, avec un col blanc.
Personne ne se démarque. Du moins, avec son style vestimentaire.
J’ai deux fun facts pour vous : tout d’abord, ce col blanc, ça s’appelle un rabat et deuxièmement, il existe une entreprise au Saguenay qui fabrique des rabats sur mesure.
Laisser la personnalité des avocat.e.s, juristes et juges briller en toute discrétion, c’est la mission des Rabat-joies, une entreprise pilotée par Romane Le Gallou, Loriane Richard et Raphaël Côté.
Dans l’univers du style vestimentaire judiciaire, il existe seulement deux règles : la toge doit être noire, et le rabat, blanc.
Mais qui a dit qu’on ne pouvait pas y mettre un peu de sa personnalité?
Utiliser un rabat comme accessoire ou marqueur de personnalité, c’est assez récent, m’explique Romane Le Gallou. C’est la défunte ancienne juge à la Cour suprême américaine Ruth Bader Ginsburg qui a popularisé des styles de rabats différents pour les femmes dans le milieu. « Un jour, elle est arrivée avec un rabat super féminin, en expliquant que les codes vestimentaires dans le milieu juridique n’étaient pas adaptés pour les femmes, vu que la toge elle-même est conçue pour que l’on voie la cravate de l’homme. »
Mais, comme le rappelle Romane, tout dépend du ou de la juge. Si cette personne estime que votre habit est trop flamboyant, ou qu’elle décide que la couleur de votre rouge à lèvres ne lui plait pas, elle peut suspendre l’audience et vous renvoyer chez vous pour vous changer. Mais le rabat reste obligatoire, donc autant se l’approprier!
En trois ans d’opération et de confection de rabats uniques, sur mesure et fantaisistes, Romane révèle qu’aucun.e avocat.e ou juriste ne s'est encore fait sortir de la salle par un.e juge pour un rabat trop criard. « Les gens nous disent que ça leur donne confiance! »
Selon Romane, les avocat.e.s au Québec sont un peu plus extravagant.e.s que leurs homologues ailleurs dans le monde. Mais, à force de remarquer les rabats bespoke de leurs collègues d’ici, d’autres avocat.e.s dans le reste du Canada se sont mis.e.s à commander des produits de la compagnie. Depuis, Rabat-joies est en pleine expansion.
Même que l’an dernier, l’entreprise s’est mise à recevoir des commandes de juristes en provenance de la France.
Et c’est Romane elle-même qui dirige cette expansion, étant actuellement propriétaire de l’entreprise à 80 %. C’est aussi elle qui dessine et conçoit les rabats, mais elle avoue qu’elle ne sait toujours pas coudre. Elle doit donc compter sur une équipe de couturières. « Elles me disent toujours que je leur demande du Dom Pérignon, mais dans un délai de 7UP », dit la directrice en riant.
En plus des rabats, l’entreprise saguenéenne s’est aussi lancée dans la confection de toges, qui ne sont pour l’instant disponibles que pour leurs meilleures clientes, toutes faites sur mesure.
« La loi dit simplement que la toge doit être noire, mais ne dit rien sur l’intérieur de la toge, remarque Romane. Donc on peut en faire de toutes les couleurs, avec des motifs. On fait un parallèle avec la lingerie, donc dans la doublure de soie pure, tu peux mettre un motif léopard, ça peut être rose flash ou peu importe, pour que ta toge te ressemble. »
Retournez-vous au bureau à reculons? Regrettez-vous déjà la fin de vos petits péchés secrets de télétravail? En tout cas, l’idée de revoir Olivier et Juliette à la machine à café ne vous plaît pas tant que ça.
Si c’est le cas, dites-vous que le retour au bureau peut être l’occasion de devenir la meilleure version de vous-même. Un peu comme une résolution du Nouvel An un peu en retard. En tout cas, on vous souhaite que votre détermination perdure malgré les jokes plates de votre supérieur.e qui n’a pas su « pivoter » pendant la pandémie. Envoyez-lui « par erreur » cette vidéo qui explique comment devenir un.e meilleur.e patron.ne.
Vous êtes nombreux et nombreuses à redouter le retour du voyagement entre la maison et le travail. Eh bien permettez-moi de vous présenter une perspective différente sur le « commute », au risque de me faire traîner dans la slush.
On me souffle à l’oreille que la solitude et l’isolement pèsent beaucoup sur les gens qui ont hâte de retourner travailler « en présentiel ». Et pas juste ça.
En terminant, on a une petite pensée pour la personne qui nous a répondu qu’elle s’ennuie… du potinage. C’est peut-être le temps de se poser la question « Peut-on parler de tout avec ses collègues? ». 🗣
Bonne journée!
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CréditsRédaction: Jean-Pierre Bastien
Design: Marc-Antoine Jacques
Intégration: David Mongeau-Petitpas
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