« As-tu ça, une boîte à souvenirs? », m'a demandé mon collègue Jean il y a quelques semaines.
J'en ai pas une, j'en ai cinq.
Et je pensais jamais que mon agenda de secondaire 5 allait un jour faire partie d’un photoreportage.
En repassant dans mes vieilles reliques, je me suis demandé si j’avais une pièce de collection qui vaut quelque chose. Est-ce que mon vieux Discman cartonne sur eBay? Est-ce que ma collection de timbres qui date du film Les aventuriers du timbre perdu va m’aider à prendre ma retraite? Ça me simplifierait la vie, disons.
Jean, lui, collectionnait les cartes de hockey quand il était jeune. S’il avait su que 2020 connaîtrait une frénésie sans précédent pour ces objets de collection, il aurait probablement regardé Jaromir Jagr d’un autre œil.
Car aujourd’hui, c’est rendu une grosse business. Et beaucoup de gens espèrent faire beaucoup d’argent avec les cartes de hockey. Jean est parti à la rencontre de quelques collectionneurs pour comprendre ce qui les anime. Vous pensez que le marché immobilier est en feu? Attendez d’entrer dans l’univers des cartes sportives.
Moi, je retourne écouter Bran Van 3000 dans mon Discman.
- Jean-Pierre
PS : Avez-vous une petite voix dans votre tête? C’est la question qu’on vous posait la dernière fois. Je vous invite à imaginer à quoi ça ressemblerait si vous n’aviez pas de monologue intérieur. On reparle des résultats du sondage plus bas.
Je me rappelle bien l’époque où mon père m’amenait à la boutique Collecto Sports sur la rue Lindsay. Si j’étais chanceux, nous repartions avec une petite boîte blanche qui contenait une précieuse collection d’Upper Deck. Je pouvais passer des heures à étudier fièrement les cartes de mes joueurs préférés. Je les ai encore, soigneusement classées dans leurs cartables.
Si mon ancien hobby d’enfant accumule la poussière, les cartes de hockey sont aujourd’hui devenues une sérieuse forme d’investissement.
« Si tu parlais à ma blonde, elle dirait que c’est une maladie. Mais pour moi, c’est une passion », lance au bout du fil Étienne Leduc.
Passionné, aficionado du dimanche, spéculateur, gambler : chaque collectionneur entretient une perception et une relation très différentes avec les cartes. Certains vont même jusqu’à faire ce qu’on pourrait qualifier de day trading. « Ils veulent trouver la grosse carte, le prochain joueur hot et le flipper », souligne l’homme de 40 ans qui voit son profil plus traditionnel « d’accumulateur » de plus en plus rare. « La passion est rendue du gambling. Le but est de dénicher le prochain poulain pour enrichir son portefeuille. »
Pour éviter l’extrême volatilité comme celle que le milieu a connue au cours des deux dernières années et obtenir un rendement à long terme, Étienne mise sur des joueurs d’exception. Sa valeur sûre? Sidney Crosby. Il possède plusieurs cartes de lui très convoitées.
En ce moment, le joueur avec la plus forte inflation est Alexander Ovechkin. Le franc-tireur des Capitals de Washington se rapproche dangereusement du record de buts du légendaire Wayne Gretzky. La carte recrue du capitaine vaut aisément dans les quatre chiffres et toute la scène se l’arrache, sachant que s’il réussit à battre le record, sa valeur sera décuplée.
J’ose demander à Étienne quel est le ratio d'investissement entre son revenu professionnel et sa collection personnelle. « J’aime mieux garder secrète la valeur de ma collection. Mais j’estime faire un rendement actuel de dix à vingt fois le prix d’acquisition. Je peux te confier que je mets entre 50 et 100 000 $ par année dans les cartes. Ça peut paraître beaucoup, mais c’est en fonction de mon salaire. Ultimement, grâce à ma collection, j’assure une mise de fonds future sur la maison de chacun de mes enfants. »
Yohann Benarroch, copropriétaire de la boutique Ultime Sports Collection à Laval, est aux premières loges de cet engouement.
Je lui demande d’emblée s’il y avait des signes de cette croissance avant la pandémie : « Lorsque la crise a commencé, avec le confinement à la maison, moi, je pensais que cette industrie allait disparaître. Et à ma grande surprise, ce n'est pas du tout ce qui est arrivé. Grâce à nos ventes en ligne, notre chiffre d’affaires a augmenté de 400 % sur l’année précédente », explique l’expert.
« Tout le monde y trouvait son compte, souligne Yohann. Les anciens gambleurs qui étaient dans le pari sportif, les anciens collectionneurs se trouvaient quelque chose à faire. Tout ce monde a créé une pénurie, les manufactures n’étaient pas prêtes à un tel intérêt et les prix ont grimpé. »
Je lui demande quels conseils il prodiguerait à un nouveau venu ou une nouvelle venue intéressé.e à placer quelques dollars : « Un mot : passion. Si t’as pas quelque chose qui vient te chercher et tu le fais juste pour le côté monétaire, alors ne le fais pas. Tu vas perdre de l’argent. Mais si une équipe, un joueur t'interpelle, te fait vivre une émotion, vas-y, mais avec un budget raisonnable. Collectionner, c’est un investissement qui peut fructifier, mais avant toute chose, ça doit demeurer passionnant. »
Les quelques personnes qui ont répondu non à cette question en sont la preuve : ce n’est pas tout le monde qui a une petite voix intérieure. Est-ce que les gens dépourvus de monologue interne font moins d’anxiété parce qu’ils n’ont personne pour leur faire spinner les idées? La science ne le dit pas. Encore.
Mais tout le monde qui vit avec une petite voix sait comment elle peut être fatigante parfois. « Es-tu vraiment assez bon.ne pour ça? », « Attention, méfie-toi des gens qui sont gentils » ou le classique de fin de soirée « Es-tu sûr.e que tu voudrais pas un autre drink? » font trop souvent partie de la conversation intérieure pour certaines personnes.
Mais sachez qu’il existe des façons d’entraîner votre petite voix. Oui, c’est comme un chiot. Après y avoir mis l’effort, c’est elle qui vous écoutera.
Si seulement ça pouvait fonctionner de la même façon avec Siri. 🔈
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CréditsRédaction: Jean-Pierre Bastien
Design: Marc-Antoine Jacques
Intégration: Julien Carignan et David Mongeau-Petitpas
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